Jean-Pierre Berthet, Directeur Délégué au Numérique à Sciences Po, nous partage sa vision.

Jean-Pierre Berthet est Directeur délégué au numérique de l’Institut des compétences et de l’innovation de Sciences Po. Il a été pendant 5 ans conseiller pour la pédagogie et le numérique au sein du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Il est également cofondateur du Learning Lab Network qui regroupe plus d’une centaine d’espaces innovants au sein d'établissements d’enseignement.

Entre 2012 et 2018 il était Directeur de la stratégie numérique de l'École Centrale de Lyon et Directeur du Learning Lab conjoint EM Lyon - Centrale Lyon. 

Entre 2001 et 2012 il a été Directeur des systèmes d'information et professeur des universités associé à l'École Centrale de Lyon après avoir travaillé pendant plus de 15 ans dans le développement des technologies pour l’Education et l’enseignement à distance pour la formation professionnelle, puis comme directeur du marketing stratégique dans une startup du e-learning.

Il est membre de l’Expert Advisory Board de la fondation Educause (USA) pour la rédaction des rapports Horizon.

A votre avis, quels sont les enjeux court terme auxquels l’enseignement supérieur doit faire face en 2022-2023 ? 

Jean-Pierre Berthet : Je pense que l’enseignement  supérieur doit relever de multiples défis. 

A court terme, il faut encore gérer le “post pandémie”. Après cette période perturbée, il est essentiel pour les établissements de tout mettre en œuvre afin de bien réintégrer les étudiants au sein de leur campus et dans leur parcours d’études. Ces derniers ont en effet rencontré des difficultés sans précédent durant cette période. Il faut également être polyvalent, agile et vigilant en cas de nouvelle crise sanitaire et se tenir prêt à rebasculer dans une pédagogie du tout distanciel. 

Qu’en est-il des enjeux structurels, sur le long terme, que doit relever l’enseignement supérieur ? 

JPB : A long terme, l’enjeu est de trouver le bon équilibre entre ce qu’on peut apporter à distance et sur place aux étudiants. Les établissements doivent pouvoir mélanger de manière harmonieuse réel et virtuel et adopter une stratégie où le numérique est choisi et non subi. 

Deux tendances s’imbriquent dans cette logique : 

• Utiliser le numérique pour être inclusif et adopter une organisation hybride : pouvoir donner le choix à l’étudiant de venir ou non sur le campus en fonction de ses propres contraintes (étudiant en sport-étude, étudiant malade…). 
• Opter pour le tout ou partie à distance et aller chercher de nouveaux publics, comme les  alumnis ou les étudiants prospectifs avant même qu’ils aient fait le choix de leur parcours post-bac.  

Avez-vous repéré des micro tendances qui, selon vous, vont prendre de l'ampleur dans les années à venir ? 

JPB : En plus de ces enjeux liés au numérique, nous voyons émerger une nouvelle tendance : celle de la micro-certification. Parce que le monde du travail est de plus en plus compétitif, de nouveaux acteurs ont fait leur entrée dans l’enseignement supérieur en proposant des diplômes ou des formations de courte durée sur des domaines de compétences précis. Ce phénomène remet fortement en question le modèle classique des écoles et des universités. Devons-nous repenser l’enseignement supérieur dans sa globalité ? Devons-nous considérer ces nouveaux acteurs comme des alliés ou des concurrents ? Une chose est sûre, il faudra s’adapter. 

Quelle est votre vision du digital et comment les nouvelles solutions numériques vont vous permettre de vous adapter à ces nouveaux enjeux ? 

JPB : Je pense que le digital est capital pour l’enseignement supérieur, tant que son usage demeure équilibré : 

• En effet, notre usage du numérique s’est intensifié à cause ou grâce à la crise sanitaire. C’est donc un usage qui a été contraint par la pandémie et qui s’accélère encore davantage avec les métaverses et la digitalisation de nos modes de vie. 
• Cependant, nous ne sommes pas convaincus qu’appliquer cette stratégie du tout numérique à l’enseignement supérieur soit pertinent. Tout l’enjeu pour nous est de trouver le bon équilibre entre ce qu’on peut apporter à distance et sur place à nos étudiants. L’université doit ainsi devenir "phygitale", et mélanger de manière harmonieuse réel et virtuel.

Le digital est, aujourd’hui plus que jamais, un indispensable pour répondre à ces différents enjeux. Mais cela implique : 

• De développer une culture où il est vu comme un outil pédagogique et non comme un parasite ou une simple distraction. 
• De correctement appréhender l’univers du digital et d’en maîtriser les outils, si nous voulons former les responsables de demain à prendre les bonnes décisions. 

Comment s’inscrit votre application mobile d’établissement dans ce dispositif ? 

JPB : Avoir une application mobile d’établissement revient pour nous à concilier le meilleur des deux mondes. Le numérique rend possible la transmission rapide de l’information et fluidifie la communication, ce qui permet de renforcer le lien avec les étudiants  et de favoriser leur réussite. 

In fine, l’application mobile nous permet de trouver la bonne articulation entre l'expérience en physique sur campus et en distanciel hors les murs, pour une expérience étudiante toujours plus nomade. 

Quels sont les enjeux du moment pour votre établissement ?

Notre enjeu principal du moment est de renforcer l’ouverture sociale de notre établissement. Nous avons doublé l’ensemble des lycées de convention éducation prioritaire avec lesquels nous travaillons.  Notre objectif est d’aider leurs élèves dans leurs choix d’orientation et de les accompagner, s'ils le souhaitent et s'ils en ont les capacités, dans leurs études supérieures. 

Vous souhaitez soutenir vos étudiants tout au long de leur parcours d’études ? Notre infographie vous donne toutes les clefs afin de créer pour vos étudiants une expérience de campus personnalisée et augmentée grâce à des outils digitaux, innovants et connectés.