Dans le cadre de notre série d’articles sur la crise étudiante, nous développons aujourd’hui le sujet de la précarité 💸

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Selon l'association Linkee, 97% des étudiants se restreignent sur la quantité et la qualité de leur alimentation… 

Si la crise du Covid a bouleversé la vie des 18-25 ans, pour beaucoup d’entre eux les difficultés persistent. Entre augmentation du prix des denrées alimentaires, des logements et des soins, et exigences académiques, comment s’en sortir quand on est étudiant ? 

Zoom sur la précarité chez les étudiants

La précarité se définit comme un état d’instabilité sociale caractérisé par « l’absence d’une ou plusieurs des sécurités, notamment celle de l’emploi, permettant aux personnes et familles d’assumer leurs obligations professionnelles, familiales et sociales et de jouir de leurs droits fondamentaux. Elle conduit à la grande pauvreté quand elle affecte plusieurs domaines de l’existence, qu’elle devient persistante, qu’elle compromet les chances de réassumer ses responsabilités et de reconquérir ses droits par soi-même, dans un avenir prévisible¹ ». Elle est le résultat d’un enchaînement d’événements et d’expériences qui débouchent sur des situations de fragilisation économique, sociale et familiale. 

Les étudiants sont parmi les premières victime de la précarité. La dégradation de leur situation économique les place à l’écart du marché du travail et participe à l’aggravation de leur santé mentale. Une enquête réalisée par l’Université Paris-Nanterre², nous éclaire sur l’ampleur et le caractère multidimensionnel du phénomène. 

Une situation économique catastrophique : 

• 22% des étudiants déclarent avoir eu des difficultés financières telles qu'il leur a été impossible de faire face à leurs besoins (alimentation, loyer, EDF...) 
• 12% d’entre eux ont des factures impayées ou des retards de paiement

Une santé mentale en berne : 

• Plus d’un étudiant sur trois se dit en “très mauvaise” santé physique et psychologique
• 16% d’entre eux font état d’un sentiment de nervosité intense

Des logements coûteux et insalubres : 

• 16% des étudiants rencontrent de grandes difficultés concernant leur logement actuel

• 1,3% des étudiants n'ont pas de logement pérenne et sont hébergées gratuitement mais temporairement, parfois contre paiements en nature

Des conséquences alarmantes

À ces chiffres s’ajoute l’étude “indicateur du coût de la rentrée étudiante” réalisée par la FAGE³, qui fait un constat plus qu’inquiétant. Cette année : 

• Le coût de la rentrée pour un étudiant non boursier s’élève à 3 024 €
• Les frais de la vie courante dépassent quant à eux les 1 190 €
• Les frais spécifiques de rentrée atteignent les 1 824 €

Parce que tout devient un luxe, les étudiants se mettent en danger. Pour des raisons financières, beaucoup d’entre eux : 

• Rognent sur leurs dépenses alimentaires, et optent pour des alternatives moins chères, moins saines, voire se privent totalement de nourriture. 
• Font l’impasse sur les dépenses liées à la santé et ne consultant pas de professionnels alors qu’ils en ressentent le besoin. 
• Acceptent de vivre dans des logements insalubres et précaires, ou se retrouvent dans des logements de fortune ou dans la rue. 
• Cumulent les emplois pour financer leurs études, mais éprouvent des difficultés à cumuler leurs horaires de travail aux exigences de leur établissement. 

Ces situations ont des conséquences néfastes sur la santé des étudiants, dégradent leurs chances de réussite et augmentent les risques de décrochage. Dans ce cas, quelle stratégie mettre en place pour les soutenir ? 

Comment soutenir vos étudiants vulnérables ? 

Grâce à un arsenal de mesures, les établissements de l’enseignement supérieur peuvent contribuer à réduire la précarité chez les étudiants, tout en favorisant environnement d’apprentissage sain et inclusif. 

Voici quelques conseils : 

• Mettre en place des programmes de bourses et d'aides financières spécifiques pour les étudiants en difficulté. Cela peut inclure les frais de scolarité, les dépenses de la vie de tous les jours, le prix des manuels et des fournitures. 
• Offrir des services de conseil gratuits et accessibles 7 jours sur 7 aux étudiants en situation précaire pour les aider à gérer leurs finances, à planifier leur avenir et à trouver des solutions à leurs problèmes.
• Proposer des logements abordables sur le campus ou collaborer avec des partenaires locaux pour négocier des tarifs réduits pour les étudiants, des colocations solidaires ou des programmes de logement d’urgence. 
• Introduire des programmes de sécurité alimentaires, tels que des banques alimentaires ou des distributions de repas pour les étudiants. Vous pouvez aussi les aider à mieux gérer leurs dépenses alimentaires. 
• Offrir des opportunités d'emploi sur le campus pour les étudiants en difficultés, comme des emplois à temps partiel, des stages rémunérés ou des programmes de travail-études.
• Encourager la création de programmes de mentorat pour aider les étudiants en situation précaire à se connecter avec leurs pairs et des professeurs qui peuvent les soutenir dans leur parcours académique et professionnel.

Cet article vous a donné envie d’en savoir plus sur la crise étudiante ? 

📢 Le 17 octobre dernier se tenait notre webinaire « Pression, isolement, décrochage… Comment soutenir (et réengager) les étudiants ? » en partenariat avec Campus Matin. 

📈 Explications, chiffres clés, solutions… Vous pouvez également remplir ce formulaire pour découvrir davantage de statistiques et d’informations concernant la crise étudiante. 

À venir : le sixième article de notre série sur la pression académique !

1 : Définition de J.WRESINSKI dans son livre “Grande pauvreté et précarité économique et sociale”, 1987
2 : Enquête “Les conditions de vie des étudiants”, avril 2022
3 : La FAGE, “indicateur du coût de la rentrée étudiante”, août 2023